Vous ne trouverez pas Doai Khon dans une brochure touristique brillante. Pas de foules, pas de lumières clignotantes, pas d'expériences "culturelles" mises en scène. Ce que vous y trouverez, ce sont des lamelles, de bambou tressées à la main, un métier vieux de plusieurs siècles qui vit encore aujourd'hui dans les collines de Cao Bang.
Pour les voyageurs, il est facile de se laisser emporter par les grands noms du Vietnam : la baie d'Halong, Hoi An, Sapa. Mais si vous êtes en quête d'authenticité, de sens dans chaque voyage, alors Doai Khon, province de Cao Bang, est une révélation discrète qui ne demande qu'à se révéler. Dans cet article, vous découvriez le savoir-faire, la culture et la magie silencieuse de cette terre de vannerie en bambou et rotin, des outils symboliseques du quotidienn aux étapes minutieuses de chaque création artisanale.
Les villages de Doai Khon : là où la tradition perdure
Située dans le Nord-Est du Vietnam, la commune de Doai Khon abrite un trésor culturel discret. On y trouve trois villages - Lan Tren, Lan Duoi et Lung Vai - où l'art de la vannerie en bambou et rotin est encore bien vivant. Ce n'est pas un artisanat ressuscité pour les touristes, mais un rythme de vie quotidien transmis par les générations du peuple Nung An.
Dans ces villages, le tressage est plus qu'un moyen de subsistance. Les enfants apprennent très jeunes à fendre le bambou avec précision, à entrelacer les fibres avec patience, à reconnaître les matériaux prêts à être utilisés. En visitant Doai Khon, vous verrez des familles assises devant leur maison, certains découpant des lamelles, d'autres tressant, tous partageant des histoires en travaillant.
Tressage traditionnel du rotin à Cao Bang, Vietnam
Le tressage est à la fois un moyen de subsistance et une tradition : il offre aux familles un revenu complémentaire tout en perpétuant un artisanat qui prospérait autrefois dans toute la région. Encore aujourd’hui, des commerçants étrangers et des voyageurs en quête de découvertes culturelles se rendent à Doai Khon, attirés par la beauté et l’authenticité de ces produits faits main.
Ce n’est pas un lieu de tourisme de masse ni "d'expériences locales" mises en scène. C’est un endroit où la tradition perdure, non pas parce qu’elle est à la mode, mais parce qu’elle a encore un vrai sens.
Un artisanant ancré dans la culture
À Doai Khon, on ne se contente pas de fabriquer des paniers. Chaque objet, crée par les mains des Nung An, a une utilité bien définie.
Objets en bambou durables : kheng et lo, alliés du quotidien
Les produits en bambou et rotin sont les outils du quotidien, modelés par des générations d'usage comme "lo, kheng, choong"... chacun ayant un rôle spécifique. Le lo sert à transporter du maïs ou du bois, le kheng pour les légumes ou les céréales, le choong, tressé avec soin, est essentiel lors des mariages, symbolisant la préparation, la famille et la transmission.
Ces objets illustrent l'harmonie entre la communauté et la nature. Le bambou utilisé provient d'arbres de plus de trois ans, choisis pour leur solidité et souplesse. On ne coupe le bambou qu'à la fin du mois lunaire, lorsqu'il contient moins d'eau, ce qui facilite le séchage et réduit les risques d'infestation.
De la forêt à la forme finale
À un œil non averti, un panier tressé peut sembler simple. Mais à Doai Khon, la fabrication d’une seule pièce est un processus minutieux, en plusieurs étapes, qui peut s’étendre sur plusieurs jours.
Les artisans commencent par sélectionner le bambou approprié, généralement grand, droit et âgé d’au moins trois ans. La récolte du bambou ne se fait pas simplement quand cela arrange, mais à des moments précis du cycle lunaire. S’il est coupé trop tôt, le bambou retient trop d’humidité, ce qui le rend plus difficile à travailler et plus susceptible de pourrir ou d’attirer des parasites.
Panier artisanal en bambou confectionné par l’ethnie Nung à Cao Bang
Une fois récolté, le bambou est ramené à la maison et fendu en fines lamelles régulières, appelées "nan". C'est l'une des étapes les plus techniques du processus. Les lamelles doivent être lisses, souples et uniformes afin qu'elles puissent être tressées de manière serrée sans laisser de vides. Si le bambou est trop sec ou trop cassant, il se brise. S'il est trop épais, il ne se pliera pas correctement.
Après le fendage, les lamelles sont assouplies et séchées, souvent en les suspendant au-dessus d’un feu de cuisine ou sous le soleil. La fumée contribue également à les protéger des insectes. Ce n’est qu’après cela que le tressage proprement dit peut commencer.
Léger, durable et naturellement élégant
Selon le type d’objet à fabriquer, la technique de tressage varie. Un *lo* destiné à transporter des charges lourdes comme de la terre ou de grosses racines nécessite un tressage dense et serré, tandis qu’un panier pour les fruits peut être plus aéré. Chaque pièce prend forme lentement, bandelette après bandelette, et demande souvent deux jours complets, depuis le bambou brut jusqu’au produit fini.
Pour les artisans Nung An, le tressage est bien plus qu’un savoir-faire : c’est une forme d’art discret. Chaque geste, chaque choix, repose sur une expérience précieuse, transmise de génération en génération.
Paniers en bambou pour usage et commerce
Une tradition mise à l'épreuve du temps
Il fut un temps où le tressage du bambou et du rotin à Doai Khon était en plein essor. Entre 1990 et 1998, des villages comme Lan Tren, Lan Duoi et Lung Vai connaissaient leur apogée. Les produits tissés à la main de cette commune circulaient dans toute la province de Cao Bang, mais aussi au-delà, jusqu’aux marchés de Lang Son, Bac Kan et Ha Giang. Pendant les périodes creuses entre les récoltes, presque chaque foyer participait au tressage – c’était à la fois une source de revenus et une grande fierté.
Un artisan local arrange avec soin des paniers en bambou faits main
Aujourd’hui, bien que l’artisanat perdure, il le fait à une échelle plus réduite. Le tressage se pratique surtout à domicile. Une famille peut réaliser trois à quatre paires de lo par semaine, chaque paire se vendant 100.000 - 130.000 VND (~3.4 - 4.42 EURO). Cela constitue un complément modeste à leur revenu.
Un villageois porte des outils au champ dans un panier en bambou tissé à la main
Les pressions qui pèsent sur cet artisanat sont bien réelles. Les alternatives modernes comme les paniers en plastique, les contenants en métal ou même de simples sacs en tissu sont plus légers, moins chers et plus faciles à transporter. Les pratiques agricoles ont elles aussi évolué. Là où autrefois les habitants transportaient le maïs à pied dans des *lo* ou des *kheng*, ils utilisent désormais des motos ou des charrettes, rendant ces outils traditionnels moins indispensables.
Des cages en bambou
À mesure que la demande diminue et que les jeunes générations cherchent du travail ailleurs, l’avenir de l’art du tressage devient incertain. Pourtant, dans les foyers de Doai Khon, les Nung An continuent, avec soin, à tresser chaque lamelle, créant des objets simples mais empreints de beauté.
Pourquoi visiter ce village artisanal de Cao Bang ?
Si vous êtes un voyageur en quête d’expériences authentiques plutôt que d’attractions mises en scène, Doai Khon offre quelque chose de véritablement rare : un mode de vie qui bat encore au rythme des traditions. Visiter Doai Khon, c’est ralentir le temps et observer. Vous verrez des artisans assis, tressant avec concentration et sérénité. Il se peut qu’on vous invite à regarder, poser des questions, voire même à essayer de tresser quelques lamelles de bambou.
Il n’y a pas de grande infrastructure touristique. Et c’est là toute la beauté du lieu. Ce que vous trouverez à la place : une hospitalité chaleureuse, les paysages pittoresques de Cao Bang, et l’occasion d’acheter des objets artisanaux tressés à la main, directement auprès des personnes qui les ont fabriqués.
Préparer votre voyage à Doai Khon
Comment s'y rendre ?
Doai Khon est une commune rurale du district de Quang Hoa, dans la province de Cao Bang, au nord du Vietnam. L’itinéraire le plus courant est :
- Depuis Hanoï : Prenez un bus ou un transfert privé jusqu’à la ville de Cao Bang (environ 6 heures). De là, vous pouvez louer un guide local, une moto ou une voiture pour rejoindre Doai Khon, situé à environ 30 km à l’est de la ville.
- Le transport local étant limité, il est recommandé d’organiser votre trajet avec un opérateur touristique local qui connaît bien la région et peut faciliter la visite des villages d’artisans.
Découvrir ses alentours
La province de Cao Bang est un véritable trésor caché, où des paysages spectaculaires rencontrent une culture profondément enracinée. Si vous vous rendez déjà à Doai Khon, cela vaut vraiment la peine d’explorer les environs.
- Villagde de forgerons de Phuc Sen : À quelques kilomètres seulement de Doai Khon, Phuc Sen est réputé pour sa tradition séculaire de la forge, transmise par le groupe ethnique Nung. Vous pourrez y observer des artisans talentueux fabriquer couteaux, outils et équipements agricoles selon des méthodes ancestrales. Une visite à Phuc Sen vous plongera dans l’héritage du travail du métal au Vietnam.
- Village d'encens de Phia Thap : Également situé à proximité, Phia Thap est connu pour sa fabrication artisanale d’encens. À base d’écorce et de plantes locales, les habitants roulent, sèchent et assemblent les bâtonnets à la main, imprégnant le village d’un parfum doux et naturel. Vous pourrez vous promener dans les ruelles, discuter avec les fabricants et même essayer de rouler votre propre encens. Associer Phia Thap, Phuc Sen et Doai Khon dans une excursion d’une journée est un choix parfait.
- Cascade de Ban Gioc : Souvent considérée comme la plus belle cascade du Vietnam, Ban Gioc se trouve à la frontière avec la Chine, là où la rivière Quay Son dévale plusieurs niveaux dans des bassins turquoise. À environ deux heures de route de Doai Khon, le trajet à lui seul vaut le détour, serpentant à travers des vallées verdoyantes et des pics karstiques. Que vous la contempliez depuis des radeaux de bambou ou que vous parcouriez les sentiers à proximité, Ban Gioc vous coupera littéralement le souffle.
- Grotte de Nguom Ngao : À quelques minutes en voiture de Ban Gioc, cette grotte calcaire impressionnante s’étend sur plus de deux kilomètres souterrains. Vous y découvrirez un monde mystérieux de stalactites et stalagmites, dans des salles immenses qui ressemblent à des cathédrales naturelles. Un contraste frais et énigmatique avec le rugissement de la cascade – idéal pour compléter une journée d’excursion.
Conseils pratiques pour une voyage inoubliable :
L’automne et le printemps sont les saisons les plus agréables pour visiter, tant pour la météo que pour les expériences culturelles. Toutefois, pensez à bien consulter les prévisions météorologiques avant votre départ.
Prévoyez de l’argent liquide, car la plupart des villages n’acceptent pas les paiements par carte, et les distributeurs automatiques sont rares en zone rurale.
Des vêtements simples et confortables sont recommandés, surtout lors des visites de maisons ou de sites culturels.
Par respect, demandez toujours la permission avant de photographier les artisans ou leurs œuvres.
Pensez à acheter directement auprès des artisans : vous soutiendrez ainsi leur revenu et contribuerez à la préservation de leurs traditions.
Si possible, faites-vous accompagner d’un guide local. Il ou elle pourra faciliter la communication et enrichir votre visite d’un véritable éclairage culturel, en particulier lors des rencontres avec les familles d’artisans.
Des forêts de bambous aux mains habiles des artisans, chaque étape du tressage reflète le savoir-faire transmis de génération en génération à Doai Khon. Chaque objet raconte une histoire : celle d’une tradition vivante et d’un lien profond avec la terre. Si vous recherchez une expérience authentique, loin des sentiers battus, ne manquez pas cette immersion dans l’art du tressage du bambou et du rotin.
Pour profiter pleinement de votre visite, pensez à personnaliser votre voyage avec une agence locale. Une visite guidée vous permettra non seulement de mieux explorer le village et ses environs, mais aussi d’échanger avec les artisans et de plonger dans l’univers fascinant de cet artisanat traditionnel. Voyager avec IZITOUR, c’est découvrir des trésors cachés, éviter les pièges touristiques et soutenir directement les communautés qui perpétuent ces savoirs ancestraux.
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